Marc* reste sans voix. Comme sidéré. Incrédule, il relit encore et encore le courriel reçu ce 30 août de l’IGS, comme s’il espérait en avoir mal saisi le contenu. Hélas non, il a bien compris : Le Procureur Général le poursuit pour un excès de vitesse, survenu alors qu’il était en opération, un dimanche d’octobre 2022. Il est convoqué pour son audition.
Oscillant entre consternation, colère, et inquiétude, Marc réalise que c’est sa carrière qui est peut-être en train de basculer avec cette procédure qui démarre. Il ne se souvient que trop bien des tourments déjà subis par tant d’autres collègues mis en prévention eux aussi pour de telles infractions commises lors d’opérations de police. L’interrogatoire par l’IGS, l’audience chez le Procureur Général, la procédure administrative qui s’engage en parallèle, l’attente interminable et la pression, les recours, les frais colossaux, de procédures et d’avocats; puis les sanctions, souvent lourdes en conséquences, douloureuses, et difficiles à supporter quand on est persuadé de ne pas les mériter. Ce sentiment d’avoir été injustement criminalisé et abandonné.
Marc les a vus, ces camarades, brisés par une machine judiciaire qui ne fait aucune distinction entre la faute, le sens du devoir et le résultat.
Et son devoir, ce flic de 36 ans l’a pourtant accompli, ce dimanche d’octobre 2022, avec ses camarades de DEFI, une unité de volontaires à laquelle il est rattaché depuis 7 ans, et qui est spécialisée dans la filature et l’interpellation d’individus dangereux. L’équivalent d’une BRI française, mais à Genève. Ce jour-là, pour Marc et ses camarades, il s’agissait de localiser et d’interpeller en urgence un individu annoncé comme étant armé et dangereux dans le mandat d’arrêt international dont il faisait l’objet.
Une mission potentiellement périlleuse, comme tant d’autres auxquelles ces policiers de terrain sont rompus et pour lesquelles ils s’entraînent toute l’année. La filature discrète, la conduite rapide, les interpellations délicates, des disciplines qu’ils maîtrisent avec professionnalisme.
Marc doit à plusieurs reprises traverser toute la ville pour se rendre rapidement sur différents points de chute où l’individu recherché pourrait se trouver. De la Jonction à l’aéroport, puis en plusieurs endroits du centre-ville, où la cible est enfin repérée et interpellée.
L’opération est un réel succès, relayée par de nombreux médias en Suisse et à l’étranger. Marc et ses collègues reçoivent des félicitations de la direction de la police.
Mais pour mener à bien sa mission, Marc a roulé vite, comme il a été entraîné à le faire. Ce dimanche-là, il y avait peu de circulation; le temps était clément; la visibilité bonne; il a pris soin d’enclencher la sirène et le feu bleu; il était concentré. Mais des radars ont figé son passage, mettant en branle la machine infernale.
Pour expliquer dans quelles conditions il a été amené à commettre cet excès de vitesse, Marc a dû rédiger une note qui a été validée par l’Etat-Major de la police judiciaire, dont même le Chef a estimé que la conduite de Marc était justifiée au vu des circonstances et de la dangerosité de l’individu à appréhender.
Mais le Procureur Général en a manifestement décidé autrement. Il va poursuivre Marc, confirmant sa réputation de rigidité et de sévérité excessive. Une posture et un acharnement incompris de beaucoup, ce d’autant plus que ses homologues des autres cantons se montrent beaucoup plus compréhensifs quand il s’agit de policiers en intervention.
Pourtant, jusqu’ici, le Procureur Général démentait être excessif et justifiait son action par l’application pure et simple de la loi. Or, cette dernière s’est récemment assouplie.
Mais Genève reste Genève, et le bon sens, ainsi que l’égalité de traitement, semblent hélas avoir été bannis de notre institution. Ainsi, Marc, policier émérite, remercié et félicité pour son engagement ainsi que pour l’arrestation d’un individu activement recherché et potentiellement dangereux, va devoir maintenant livrer un autre combat, pour ne pas être à son tour impitoyablement broyé par la machine judiciaire d’Olivier Jornot.
Il pourra compter sur le soutien du SPJ et de ses camarades dans cette épreuve, et à n’en pas douter, sur le vôtre.
Pour témoigner votre soutien à Marc, n’hésitez pas à nous laisser des commentaires, et relayez son histoire en diffusant ce lien.
Merci.
*prénom d’emprunt