Prochainement, les Députés du Grand Conseil genevois devraient pouvoir se pencher sur un projet de loi visant à amender la Loi sur la police, plus communément appelée LPol.
Les associations du personnel de police l’ont toujours combattue, car elles avaient – dès le début – identifié les problèmes que posait cette loi qui ne fut finalement adoptée qu’à quelques dizaines de voix près.
Le temps leur a donné raison.
Aujourd’hui, la LPol a déjà montré ses limites et les dégâts sur votre police sont hélas considérables.
Les silos hermétiques créés par cette loi, ainsi que la multiplication d’états-majors coûteux, ont provoqué des sous-effectifs qu’aucune mesure ne parvient à endiguer en l’état.
Nombre d’appels 117 ne sont plus traités, et pas seulement pour du bruit, contrairement à ce que certains voudraient faire croire, dans l’espoir de minimiser la gravité de la situation.
Les citoyens ne bénéficient plus du service de qualité pour lequel ils paient des impôts et qu’ils sont en droit d’attendre.
Les interventions doivent être bâclées faute de personnel, et la qualité des prestations diminue de façon honteuse.
Les policiers, qui ne parviennent plus à travailler avec l’efficacité qu’ils ont connue par le passé, perdent le sens des missions et sont démoralisés.
Pour ne rien arranger, la relève n’est plus assurée.
La raison : la Police n’est plus attractive.
Beaucoup de jeunes aux profils intéressants renoncent à déposer leur candidature.
L’académie de Savatan, inadaptée et lacunaire, y est pour beaucoup.
Or, quand on a moins de candidats et qu’on doit à tout prix remplir une académie pour essayer de combler les sous-effectifs, on tire forcément les critères d’exigences vers le bas : c’est mathématique.
Ceux qui s’engagent sont mal formés.
À leur arrivée à Genève, ils n’ont pas le niveau requis.
Ces jeunes mal préparés sont de suite jetés en police secours, où ils sont mal encadrés, faute de cadres intermédiaires suffisants.
Des jeunes sont parfois obligés de patrouiller ensemble.
Cette combinaison de dysfonctionnements augmente considérablement les risques dans une profession déjà exposée à de multiples dangers.
Tout cela peut être démontré.
Au lieu de reconnaître les problèmes pour mieux les résoudre, la direction de la police – grande bénéficiaire des avantages octroyés par cette LPol – s’est efforcée de les taire, de les maquiller sinon de les occulter. Peut-être parce qu’une remise en question est pour eux synonyme d’échec. Peut-être aussi parce que cela pouvait coûter cher de dire à un Pierre MAUDET que sa loi n’était finalement pas si parfaite. On sait quel sort le Magistrat pouvait réserver aux porteurs de mauvaises nouvelles.
Fort heureusement, des journalistes et des élus ont pris conscience de la gravité de la situation.
Décidés à résoudre cette crise dans l’intérêt public, des femmes et des hommes, avocats, députés, tous de couleurs politiques différentes, ont travaillé de manière collective, objective et constructive pour proposer des amendements des articles de la LPol identifiés comme étant problématiques.
Les associations du personnel de police ont été consultées pour ce travail de réflexion, dont est né un projet de loi qui n’est ni partisan, ni anti-Pierre MAUDET. Un projet qui est encore moins militant ou syndicaliste, puisqu’aucun des amendements ne vise le traitement des policiers.
Ce projet de loi n’a qu’un objectif : ramener de la cohérence dans le fonctionnement de la police et ce, afin de rendre aux citoyens un service public efficace.
C’est pour cela qu’il a reçu le soutien de nombreux députés et qu’il a été déposé courant 2019 devant le Grand Conseil.
Mais alors que la Commission Judiciaire doit se pencher de façon collégiale sur ces amendements, – il y a en effet urgence à agir – certains tentent visiblement de freiner sinon geler ses travaux, pour laisser place à un audit non parlementaire dont l’objectivité et les conclusions seront forcément mises en doute, au vu de la personne désignée pour le mener.
En effet, Monsieur Alexandre VAUTRAVERS est un militaire.
Or, les amendements visent notamment à mettre un terme à la militarisation de la police.
Monsieur VAUTRAVERS soutient l’Académie de Savatan qu’il visite régulièrement, et qui est également visée par les amendements.
Il a été impliqué au plus haut point dans le Conseil Consultatif de Sécurité, création de la LPol à laquelle les amendements veulent également mettre un terme.
Il est par ailleurs de notoriété publique que Monsieur VAUTRAVERS est proche du Magistrat aujourd’hui déchu qui avait porté la Lpol à bout de bras.
Pour terminer, Monsieur VAUTRAVERS se dit spécialiste en conflits armés. Non seulement il n’a aucune objectivité, mais il n’a ni l’expertise ni la légitimité pour mener un audit aussi important pour Genève.
Le SPJ veut croire en la volonté sincère de Monsieur POGGIA de pacifier et d’assainir la police, mais au vu de ce qui précède, partage également les inquiétudes des Députés, qui demeurent parfaitement outillés pour évaluer eux-mêmes la nécessité des modifications légales proposées, sans devoir attendre un audit dont l’objectivité risque fortement d’être remise en question.
Au final, quelle que soit la marge de manœuvre qui sera accordée aux Députés du Grand Conseil, et quelles que soient les conclusions de l’audit mandaté par le Conseil d’État, les associations du personnel continueront à se battre avec force et conviction contre les injustices, les incohérences ou les aberrations qui empêchent la police de fournir à nos citoyens un service de qualité.