Affaire MAUDET : quel avenir pour Genève ?
Chers lecteurs, chers amis,
Pierre MAUDET a accepté un somptueux cadeau pour lui, sa famille et ses proches.
Un incroyable et onéreux voyage aux Emirats, soi-disant offert sans contrepartie par le généreux ami d’un ami, qui n’aurait donc rien su de sa fonction de Conseiller d’Etat.
Un voyage privé au cours duquel l’homme d’Etat genevois a pourtant officiellement rencontré des dignitaires émiratis.
Un voyage au sujet duquel les explications embarrassées du Magistrat varient en fonction du moment et de qui pose les questions.
Un voyage officiellement annoncé au Président du Conseil d’Etat dans un mail que Pierre MAUDET dit récemment avoir détruit, et dont vous ne pourrez peut-être jamais connaître le contenu, à charge ou à décharge d’ailleurs pour lui.
Un voyage au sujet duquel il semblerait qu’il vous ait menti selon un communiqué du Ministère Public.
Si le « chantre de la déontologie et de l’exemplarité » a péniblement admis avoir « été peut-être imprudent », ses réponses confuses et contradictoires ne convainquent plus personne ou si peu aujourd’hui, et laissent dans nos bouches un insupportable arrière-goût de dissimulation, de manipulation, de provocation, et de mépris à l’égard des institutions et de ceux qui la servent respectueusement.
Aujourd’hui, la presse, qui se fait l’écho du Ministère Public, dévoile des informations choquantes qui, si elles sont avérées, relèvent de pratiques condamnables, à tout le moins indignes de sa fonction.
Il semblerait bien que ce feuilleton à rebondissements, pathétique en soi et humiliant pour le canton de Genève – auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois et qui ne correspond en rien aux valeurs de la République qui nous sont chères et que nous défendons – risque de durer.
Le Magistrat, paraît-il, se plaisait à dire qu’il appréciait tout particulièrement la série télévisée HOUSE OF CARDS, et qu’il y trouvait inspiration. Force est de constater aujourd’hui que tout y est : soif insatiable du pouvoir et du contrôle, comportements moralement répréhensibles, népotisme, mensonges et trahisons. À cette différence près que même acculé, Francis UNDERWOOD est brillant, lui…
Fort heureusement, ce n’est point un secret, le Ministère Public a mené – et mène toujours une enquête sur cette sombre affaire. Désormais il souhaite que Pierre MAUDET soit placé en prévention.
Une telle investigation ne peut être que difficile. Les policiers réitèrent leur confiance en le Ministère Public qui, nous n’en doutons pas un seul instant, saura relever ce défi majeur, affirmer son autorité et démontrer que la séparation des pouvoirs n’est point un vain mot dans notre démocratie.
Mais cela nécessitera sans doute encore du temps.
Or, vous êtes au fil du temps de plus en plus nombreux à le dire : si l’enquête pénale est importante et nécessaire, quelles qu’en soient ses conclusions, Pierre MAUDET a déjà commis nombre fautes. En premier lieu, d’un point de vue déontologique.
Des questions difficiles et pourtant essentielles s’imposent à présent.
Alors que sont en cours les enquêtes du Ministère Public, de la Commission de contrôle et de gestion et peut-être de la Cour des comptes, pouvons-nous encore être représentés par un magistrat qui s’autorise, au gré des vents, une application des principes de déontologie et d’éthique à géométrie variable ?
Combien de temps allons-nous devoir vivre encore avec tant de questions légitimes et demeurées pour l’heure sans réponses ?
Est-il raisonnable de laisser tant de pouvoir entre les mains d’un seul homme, dont la probité est si sérieusement mise à mal ?
Est-ce l’image que nous voulons promouvoir à l’extérieur de Genève ?
Est-il sain et cohérent de laisser à Pierre MAUDET la direction de la police alors que c’est précisément cette dernière qui a dénoncé au Ministère Public les faits qui lui sont reprochés aujourd’hui ?
Comment imaginer un seul instant que le magistrat ne fera pas payer chèrement cet affront aux policiers qu’il traitait déjà avec le plus profond mépris avant ce scandale ? Est-ce pour cela que Pierre MAUDET ne respecte pas le protocole d’accord signé en décembre 2017 avec les syndicats de police ?
Comment ne pas croire par ailleurs – lorsqu’il offre récemment à l’un de ses plus proches conseillers, sans postulation préalable, le poste d’analyste au service de la sécurité de l’information police (SSIP) – ce, après que le scandale ait éclaté – qu’il cherche à mieux connaître, respectivement à contrôler les informations dont disposeraient peut-être la police contre lui ?
Cette atmosphère jusque-là pesante devient aujourd’hui irrespirable pour une police qui connaît déjà une crise sans précédent, elle qui a pour vocation la quête de vérité, d’impartialité et de probité, principes fondateurs malmenés par les comportements du magistrat censé la représenter.
Au vu de ce qui précède, nous demandons instamment au pouvoir politique d’assumer ses responsabilités en prenant sans attendre toutes les mesures nécessaires afin que la présidence du DS voire du Conseil d’Etat soit retirée au magistrat actuel ce, aussi longtemps que les investigations se poursuivent, et jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Il y va de la démocratie, de la transparence, et de la sérénité de toutes et de tous.